Histoire(s)de faire confiance aux images
Par Frédéric Khodja Lyon, mars 2016
Par où commencer ces Histoires de faire confiance aux images ?
Peut-être par une histoire
Il était une fois, plutôt il est une fois, enfin six fois, un projet d’exposition où il est question de faire six images.
Six images imaginées puis dessinées sur des pierres ou gravées sur des plaques de cuivre et qui sont imprimées en six formats.
C’est-à-dire que cela revient à faire six images en six formats mais c’est aussi faire dire à ces six images qu’elles ne sont qu’une seule image en six parties.
Une image d’images cette exposition
À ce moment du texte, j’imagine que je suis en train de vous perdre. Vous devez faire confiance, essayez.
« Tout le monde sait ce qu’est l’Art, sauf l’artiste. Lui apparemment, il ne doit pas tant rechercher les fins ultimes de l’Art que le moyen de continuer à travailler. Chaque fois qu’il peint, il doit trouver confiance en lui, croire en son instinct, sans savoir comment cela tournera » écrit Philip Guston. Cette exposition est une double prise de confiance, la mienne et la vôtre.
Et puis ce ne sont que des histoires.
Résumons
Chaque image, elles sont six, raconte une histoire. Non ce n’est pas ça. Chaque image est une histoire. Je les raconte, vous aussi, si vous le voulez.
La première se nomme « Histoires », c’est une lithographie. Un fragment de sol qui n’existe pas est dessiné. Ce fragment montre un sol carrelé avec une réserve, un manque. Ce sol contient une idée ; il relie plusieurs sols. Celui d’une villa à El Biar en Algérie et celui d’une pizzeria à Vil- leurbanne et d’autres. Cette idée est à nos pieds même si l’image est montrée au mur. Je ne dis pas tout mais ce que je peux écrire c’est qu’il y a un manque et une inégalité, ce dernier mot est employé par Jacques Derrida quand il parle de son sol. À dire qu’il fait parler le sol ? L’image faite ici vient par des détours de son lieu d’enfance.
La deuxième se nomme « de », c’est une lithographie. Un dessin charbonneux inversé de la première photographie réalisée l’été 1826 par Nicéphore Niépce. Il y a une fenêtre et une vue par la fenêtre. J’ai dessiné une réserve que j’invente dans l’image, vous la verrez. Encore une image mentquante. Cette première image, et la deuxième pour vous et moi, renverse les manières de faire. De la feuille d’étain et du bitume de Judée qui font apparaître par une exposition d’une journée entière, Le point de vue du Gras, nous allons vers un dessin en négatif qui reprend sensiblement les codes de l’image native. Parfois oui, parfois non. Il faut faire confiance.
La troisième se nomme « faire », c’est une gravure. Une gravure qui s’adapte aux dimensions d’une carte postale. Vous ne distinguerez pas le recto de la carte, un paysage de Capri mais le verso sur lequel est dessiné un plan qui n’aboutira pas. C’est le dessin d’une architecture par un écrivain. Vous connaissez l’histoire. Malaparte, un ritratto di pietra, una casa come me. Il y a longtemps que je voulais faire parler cette villa comme théâtre de plusieurs histoires humaines. Elle apparaît dans un renversement peu connu. Elle est là et n’est pas là.
La quatrième image se nomme « confiance ». C’est une gravure de gravures. Je ne dis pas tout, c’est un collage de fragments de gravures.
La cinquième image se nomme « aux ». C’est la gravure d’un toit, il manque l’édifice. Il est dit qu’au Japon la racine de la maison, c’est le toit.
La sixième image se nomme « images ». Cette sixième image est contenue dans une boîte de bois. J’ajouterai que c’est une tabula scalata. Mais il n’y a pas de miroir pour renvoyer le reflet attendu.
Je me dis que j’ai demandé aux mots de cette phrase-titre de partager une confiance mutuelle.
Se nommer « images » n’équivaut pas à se nommer « de ».
Je m’aperçois également que les indications qui documentent les images réalisées, rétrécissent au fur et à mesure que le texte avance.
Faisons un point
Il y a six images et il y en aura d’autres. Mais ces six images sont un ensemble de mémoires visuelles dont l’objet est de n’en former qu’une. Je pourrais ajouter qu’elles sont figures métony- miques. Elles sont toutes une partie du tout, histoire de se faire confiance.
Une architecture morcelée en six parties montées. Si je refais le plan :
1. Une maison / 2. Un toit / 3. Une fenêtre / 4. Un paysage aux abords / 5. Un escalier / 6. Un sol
Clérambault, encre pigmentaire sur papier couleur 21,5 x 17,7 cm, collection privée (3 pièces), 2015.
Les dessins de la ville du flâneur, encre pigmentaire sur papier couleur, 33 x 50 cm, 2016.
Vue exposition
Dessin pour la maison M, aquarelle volume sur socle et gouache sur papier, 24,8 x 32,3 cm, 2016.
Peintures sur pages de carnets techniques mixtes, 21 x 29,7 cm, 2016.
De gauche à droite :
Tabula Scalata, lithographie, pliage et boîte 83 x 24 x 13 cm, 2016.
N. N.,lithographie, 50 x 65 cm, 2016.
Toi(t),eau-forte, 32 x 40 cm, 2016.
Pizza Derrida, lithographie, 56 x 76 cm, 2016.
Ferrania, eau-forte, 14 x 19 cm, 2016.
Kudzu, eau-forte, 50,5 x 66,5 cm, 2016.
La camera Bianca, objet peint, acrylique sur bois 18,4 x 19 x 18,6 cm, 2016.
"Catherine visite"
Le stéréoscope mexicain objet peint, acrylique sur bois 8 x 33 x 21,5 cm, 2016.
"Fabio visite"
Le stéréoscope mexicain objet peint, acrylique sur bois 8 x 33 x 21,5 cm, 2016.
"Michel visite"
Le stéréoscope mexicain objet peint, acrylique sur bois 8 x 33 x 21,5 cm, 2016.
Le stéréoscope mexicain objet peint, acrylique sur bois 8 x 33 x 21,5 cm, 2016.
À gauche, Un paysage, dans Les paysages, feutre sur papier 50 x 65 cm 2015.
À droite, Les prêts de fiction, montages dimensions variables, 2015.
Maquette de la ville du flâneur, pliages sur papiers couleurs, dimensions variables, 2016.
Photogrammes du film infilmé, photogrammes sur papiers millimétrés, 29,7 x 21 cm, 2016.
Photogrammes du film infilmé, photogrammes sur papiers calques, 29,7 x 21 cm, 2016.
Estames, mur des feuilles peintes de carnets, Paysages.