Livre de chair
biographie de l'auteur.e
Livre de chair
L’image est trompeuse. Platon le profère ; nous psittassons depuis. C’est la méfiance qui conviendrait à son égard : là où platoniciens et iconoclastes modernes se rejoignent. Ils dénient que la confiance peut n’être pas aveugle si elle ne méconnaît pas l’erre.
La caverne se mue en bouteille de Klein (intérieur et extérieur sont en continuité). L’expérience enseigne que la réalité se conjoint à l’imaginaire ; ça a une vertu pour le parlêtre : la possibilité de tenir la corde de l’impossible nommé réel.
L’historien est celui qui a vu. Le point de vue construit la réalité (Hérodote versus Glaucon). L’écriture, ici le pluriel (histoires), ouvre au tissage. Autrement dit, des vues d’un point. J’en choisis un : en 1826 Nicéphore Niépce délègue à l’œil photographique qu’il invente de fixer ce qui apparaît dans le cadre de la fenêtre de son atelier de Saint-Loup- de-Varennes. De l’intérieur, vue sur l’extérieur. Retournons le dispositif ; l’œil fait de mains d’homme placé à l’extérieur ne dévoile pourtant pas le dedans, il en faudra un troisième... Trois vues, jetées comme de petits cailloux pour repérer le chemin parcouru dans l’inconnu. L’image et le mot font la réalité, l’écriture qui ouvre à l’équivoque fait apercevoir que ça ne colle pas.
Une image qui en contient une autre, qui selon la place de l’œil produit l’illusion ou dévoile le dispositif, c’est le principe de la Tabula scalata – inacceptable pour l’idéologue mono-idéique (voir plus haut) figé dans le bien voir qui se décline rapidement en bien faire et bien dire. La police polit ; elle masque les interstices du réel. Ici, l’invite est de faire sans une lecture imposée, c’est-à-dire sans maître, ça ne signifie pas sans devoir : celui de maintenir l’entrebâillement du rapport impossible de l’un à l’autre (réalité et mot). Ça a un prix.