Éditions
Diaphanes édition
Galerie Rue Antoine
10 rue André Antoine, Paris, France
Contact / Sophie Renaut / sophierenaut75@gmail.com

Coffret de 12 photographies en format 13x18 cm, éditées en 11 exemplaires + 2 EA + 2 HC sur papier Fujifilm Crystal Archive DPII.
Chaque photographie est signée au dos par l’artiste, numérotée et porte le tampon des éditions Original 33.

Tout est parti d’une archive de 1967 : un ensemble de diapositives sur la construction du périphérique parisien qui est aussi bien celui d’une destruction : celle de la Zone, bande de terre a priori inconstructible située en avant de l’enceinte de Thiers qui deviendra au XXe siècle un bidonville à ciel ouvert. À cette archive, s’en sont ajoutées d’autres : sites antiques d’Irak aujourd’hui pour la plupart détruits, photos de vacances d’une famille française dans les années 1970.
te.

Prix sur demande

Gilles

Gilles, pour une petite géométrie de silence
Objet vidéographique, piratage dansé, Montpellier, 2005
Extraction à partir de 90 images numériques 
Avec Elsa Decaudin et David Olivari
texte de présentation
Neuf minutes trente-quatre secondes

Je suis au balcon à fumer une cigarette.
En face, les volets de l’immeuble s’ouvrent par longs cliquetis.
Les jambes puis les torses de mes voisins apparaissent avant de disparaître derrière des rideaux. Dans la rue au-dessous, une femme marche et crie, secouée à en faire tomber son sac à provisions.
Je regardais cette femme, en 1979.

Une des petites géométries, image taillée dans la lymphe grise est aujourd’hui hantée.
Habitée d’une présence qui se mêle de noir et de bras, de jambes, à l’écran cervical.
C’est bien ça. Un écran de silence, vide à l’air intérieur et à ciel ouvert.
Elsa me dit qu’à force de la regarder, elle voit la rue en bas de la maison, les fenêtres fermées,
les fenêtres comme des yeux, qui parsèment le grand toit.
Elle me dit qu’il n’y a personne dans cette rue et que le commerce avec ses étals et sa porte ouverte lui semble abandonnés. Comme après une rafle.
Je lui parle de Chaplin, de ce film où Charlot revient ouvrir son salon de coiffure. Quel film ? je ne m’en souviens pas dans l’instant.
Le dictateur, dit Elsa.
Les tonalités de cette géométrie sont dans l’exacte qualité des débuts du parlant. Ces gris, ces ombres légères et figées, cet effacement qui avance en brumes.
Je pense à Marie-Laure, mon amie qui écrit depuis Nice. À cette année où elle a vécu dans les petites géométries, à ses mots fantastiques.
Brasilia est une ville géométrique me dit Elsa. Construite sur une sauvagerie.
Dimanche 6 février. La pluie a caché le ciel sec.
Le petit objet existe, il mesure neuf minutes et trente-quatre secondes.
Cette semaine à venir il faut écrire des textes. Elsa et gilles de la Tourette. Emmanuel et ses troubles obsessionnels du comportement.Ses troubles.
Je vais filmer par petits fragments, mes choses rangées dans des boîtes, dans des tiroirs, sur des tables, dans l’atelier, à l’abri. Hiver 2005.

J’enregistre.